Découvrez le portrait de Yasmine Tayach, élève de 3ème année au Cours Florent Bruxelles
Portrait

Yasmine
Tayach

Développez votre appétit, n'hésitez jamais à en faire plus si vous le pouvez ; et si vous pensez que vous ne pouvez pas, essayez quand même, c'est excellent de découvrir ses limites ! 

Campus Bruxelles
Année 2019
élève

J'ai su que je voulais travailler sur une scène quand j'avais 6 ans, et j'ai su ce que je voulais y faire quand j'avais 10 ans. Ensuite durant une dizaine d’années, ça a été une longue promenade de différentes écoles, différents professeurs et différentes expériences autours du théâtre et des arts de la scène. J'ai quitté ma Suisse natale à 23 ans pour tenter les concours belges. Ça n’a pas fonctionné, mais le goût du pays, l’esprit artistique qui y régnait et la sympathie des gens m'ont convaincue d'y rester. C'est là que j'ai commencé le Cours Florent.

  • Peux-tu nous parler de ton parcours à l’école ? Comment ont évolué ton travail, ton projet et ton engagement sur le plateau jusqu’à aujourd’hui ?

En arrivant au Cours Florent, je pensais savoir beaucoup de choses, j'étais pleine de certitudes quant à ma façon de jouer. Je dois le reconnaître, j'avais peur que l'école ne soit pas assez "challenging" pour moi, même mes échecs aux concours démontraient que je possédais des failles qui jusqu'alors m'étaient inconnues. Tout ça a créé en moi une soif énorme de travail, une avidité d'apprentissage et de connaissance qui ne s'est plus éteinte depuis. Au fur et à mesure du travail j'ai beaucoup déconstruit, j'ai appris à chercher mes failles, à les accepter et à en jouer pour en faire des forces. Tout ça n'est évidemment pas un travail abouti, mais c'est une méthode que je compte garder tout au long de ma carrière et de ma vie.

  • Comment abordes-tu ta Troisième année, et qu’en attends-tu ?

Je suis très enthousiaste de me lancer à nouveau dans le travail. Cette année j'espère sortir de la "bulle introspective" pour aborder le travail en groupe, apprendre à créer ensemble. J'attends avec beaucoup d'impatience le travail avec nos intervenants extérieurs afin d'y aborder un travail qui sorte de l’aspect scolaire du travail de scène pour nous emmener plus près des réalités du métier. Rencontrer un.e metteur en scène, s'adapter à sa vision artistique en travaillant sous sa direction et travailler en tant que comédienne et non-plus en tant qu'élève.

  • Comment prépares-tu ton prochain Module et ces différentes étapes ?

Maintenant que nous avons reçu notre pièce, la première phase est la phase du brainstorming. Je me documente, lis et relis la pièce, trouve des inspirations en dehors de l'œuvre elle-même, j’écoute des interviews de l'écrivain, projette d'aller voir la mise en scène qu'il en a fait à Paris, et surtout je me laisse envahir par les images et les formes qui me viennent à chaque lecture de la pièce et de mon futur personnage. Parallèlement à ça, nous nous voyons en groupe pour partager nos différentes idées et nos ressentis. Cette première phase a l'avantage d'être très libre, car les idées peuvent partir dans tous les sens sans restriction, et de plus elle est multiple car elle comprend aussi toutes les idées de nos partenaires.

  • Quelle réplique t’a marqué dans ton parcours / cursus et pourquoi ?

Pour mon Travail de Fins d’Etudes, je monte la pièce Tableau d’une exécution d’Howard Barker : globalement toutes les répliques du personnage de Galactia sont excellentes. Ma préférée : "Je ne sais pas... je ne sais pas, je ne suis pas heureuse, Carpeta, c'est pour cela que je ris tellement" ; plutôt que d’expliquer pourquoi, j’ajoute cette réplique, qui en est la raison : "Un profond respect. Elle n'est pas finie. Assurément elle n'est pas finie ; elle bouge, elle voyage, c'est une sorte de météore qui trace sa voie à travers les espaces obscurs, sans subir d'attraction, je veux dire l'attraction d'astres plus puissants, elle ne subit d'autre influence que celle de son propre désir, et elle a par sa persévérance- et peut-être aussi par sa perversité - créée un mouvement, une sorte d'école et elle est brillante."

  • Quel conseil peux-tu donner à un futur élève du Cours Florent ?

Développez votre appétit, n'hésitez jamais à en faire plus si vous le pouvez ; et si vous pensez que vous ne pouvez pas, essayez quand même, c'est excellent de découvrir ses limites ! C'est l'effet boule de neige : c'est parfois dur à lancer au départ, mais quand elle prend de la vitesse le chemin parcouru est étonnant, et tellement gratifiant. 

Le mouvement est important, pour lutter contre le risque de s'enliser dans l'immobilité, l'inactivité. D'ailleurs ce n’est pas qu'à l'école, les films que l’on voit, les pièces auxquelles on assiste, les livres qu'on lit, les conversations pour lesquelles on s’emporte, les notes brouillonnées dans un carnet, les idées qui nous traversent avant de nous endormir, dans tout ça il peut y avoir du mouvement, de la recherche, de la créativité, et faut travailler pour l'entretenir.

Merci à Yasmine d'avoir répondu à nos questions. 

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