Portrait

Salomé
Lebot

Ma liberté c'est au théâtre que je l'exprime. Sur un plateau, il y a toi, ici et maintenant. Toi et ce que tu fais, ce que tu donnes. C'est très simple et ça suffit à nous rendre vivants. 

Campus Montpellier
Année 2017
élève
  • Peux-tu nous parler de ton parcours avant d'intégrer le Cours Florent ?

Je suis née et j'ai grandi à la Réunion jusqu'à mes 18 ans. En 2009, il y a eu le déclic : j'ai été sélectionnée pour jouer le premier rôle d'un moyen métrage intitulé Adieu à tout cela d'Emmanuel Parraud. J'ai découvert un monde dans lequel je me sentais à l'aise. Le tournage s'est terminé, le film à été récompensé au Festival des Films d'Afrique et de l'Océan Indien (FIFAI) sans que je puisse jamais assister à une projection publique. Après l'obtention de mon bac L, je suis partie pour Montpellier intégrer l'université pour une licence de Langues Etrangères (Espagnol et portugais) cumulée à une licence Arts du spectacle Cinéma.

En 2014, pour la troisième année de licence de langues, je suis partie vivre un an à Porto Alegre, au Brésil. L'expérience a été forte et m'a un peu retournée. A mon retour, j'étais perdue, mes repères avaient changés et je ne savais plus trop qui j'étais. J'ai arrêté mes études pour travailler et je me suis offert un stage d'été au Cours Florent à Montpellier. Je n'avais jamais fait de théâtre et durant toute la semaine de stage, j'avais la sensation d'être hors du temps et tellement vivante. J'ai su alors que c'était ce que je voulais faire.

  • Que retiens-tu de tes premières expériences au Cours Florent ?

D'abord, qu'il n'y pas un jour où je me réveille sans avoir envie d'aller en cours. Et ça change vraiment la vie. Je retiens aussi qu'on se connaît très peu (et très mal) soi-même et que la meilleure façon d'apprendre qui l'on est en déconstruisant tout ce qu'on a pu être et faire avant. En cours je pense souvent à cette phrase du film Soul Kitchen : « Rien n'est sûr, et même ça c'est pas sûr ». Il faut lâcher prise, donner sans compter, être dans l'instant. C'est très difficile. Il faut faire, échouer, recommencer encore et encore.. Je retiens aussi que le théâtre, à l'inverse de l'image très intellectualisée qu'on peut en avoir, est un sport d'équipe où l'instinct, la confiance et le travail technique acharné sont de mises. Je dis que c'est un sport parce qu'on transpire, on se met en danger, on joue avec les autres et il y a des règles. Parce que ce sont nos corps et nos voix que l'on met au service de la langue. Sans muscle, sans squelette, les mots restent couchés sur le papier. C'est ce qui est le plus difficile à mes yeux: mâcher la langue, l'appréhender comme une matière. En deux mots : rendre le texte vivant. Un grand sage dont je tairai le nom nous as dit un jour en cours : « Nous, on veut voir comment vous sautez dans le vide ». Je crois que tout pourrait se résumer à cette phrase.

  • Quel conseil peux-tu donner à un futur élève du Cours Florent ?

Je dirai qu'on a peu de libertés dans la vie parce qu'on a des responsabilités, parce qu'il y a des normes sociales, parce qu'on se met nous mêmes des freins, parce qu'on pense à demain ou parce qu'hier c'était mieux.. Ma liberté c'est au théâtre que je l'exprime. Sur un plateau, il y a toi, ici et maintenant. Toi et ce que tu fais, ce que tu donnes. C'est très simple et ça suffit à nous rendre vivants. Accepte toi, ose, et persévère c'est tout ce que je pourrais dire à un futur élève du Cours Florent (et c'est ce que je me répète chaque matin).

Partager cet article