Portrait de Sonia Pastecchia
Portrait

Sonia
Pastecchia

"Aussi, revenir à soi est une étape primordiale..."

Campus Bruxelles
Année 2020
professeur
  • En quelques lignes, comment vous êtes-vous formé en tant qu’artiste ?

J’ai commencé à faire du théâtre-action à 14 ans. J’ai rencontré des étudiants du Conservatoire National de Liège lors d’ateliers de quartier qu’ils animaient et auxquels j’ai participé. Le théâtre ne m’a plus lâché.

J’ai suivi une formation à horaire aménagé qui me permettait d’avoir un nombre d’heures conséquent en académie (chant, art dramatique, histoire du théâtre, diction, danse…) tout en poursuivant mes études secondaires.

J’ai poursuivi mes hautes études à l’INSAS en interprétation dramatique, tout en jouant de manière professionnelle en parallèle… J’ai ensuite commencé à réaliser des documentaires grâce à plusieurs rencontres, notamment celle d’Anatoli Vassiliev, avec qui nous avions à repenser notre place dans le monde et dans l’art.

La technique acquise durant ces années est extrêmement importante, et je ne cesse de poursuivre des formations. J’en ai besoin. Le jeu, la réalisation, l’enseignement fonctionnent en vase communicant. Ils se nourrissent l’un l’autre et j’ai toujours besoin de me nourrir également.

  • Comment l’enseignement s’est inscrit et s’inscrit dans votre parcours professionnel ?

Durant mes études à l’INSAS, j’étais animatrice au sein d’une association néerlandophone qui organisait des stages de langue française pour les vacances d’été. Nous devions gérer des ateliers créatifs.  J’y ai mis tout ce que j’aimais à l’époque : danse, création de masque, littérature et chant…

Après plusieurs années de pause, j’ai repris goût à l’enseignement en tant qu’intervenante au sein de la Maison du Geste et de l’Image à Paris. Je me sentais prête après des années à me construite et m’instruire. Je me sentais capable de retransmettre ce qui m’avait été donné. Ont suivi des TD dispensés à Nanterre, à l’INSAS, à Sint Lucas School of Art et au Cours Florent.

J’ai adoré pouvoir partager mes découvertes, mes erreurs, l’importance du collectif et de l’interdépendance. L’enseignement m’a obligé à penser mon métier en terme pédagogique. C’est un exercice particulier : quel est le cheminement interne qui conduit à créer de cette façon ?  Revoir cela est extrêmement précieux. Cela permet de retracer un processus rarement énoncé car intime et à le mettre au service de quelque chose de passionnant. Les étudiants nous apprennent beaucoup. L’énergie du désir est belle. Et cela nourrit considérablement mon travail artistique. 

  • Pourriez-vous décrire le travail effectué et les objectifs pédagogiques de l’atelier cinéma proposé aux élèves de Deuxième année ? 

Pour moi il s’agit de revenir au degré 0 du jeu. Aussi, revenir à soi est une étape primordiale. Et cela passe par des exercices simples d’observations et d’improvisation où l’acteur doit se laisser d’abord traverser par une sensation, une émotion avant de parler. 

La caméra est utilisée à chaque étape, ce qui est intéressant c’est que le moindre faux pas est visible. Si l’acteur sort du jeu, ne fut-ce qu’une fraction de seconde, le personnage n’est plus crédible. C’est un travail éprouvant. 

J’insiste également beaucoup sur l’observation du partenaire. L’acteur regarde et agit sur son partenaire, il n’attend jamais la réplique, il la désire. Quoique notre partenaire fasse, il nourrit notre jeu. Nous n’avons rien à attendre de lui, mais tout à lui donner.

Et ceci nous amène à une analyse rapide et efficace du texte. Cela permet aux jeunes acteurs de présenter des scènes en ayant structuré le texte de manière précise, et en ayant investi cette structure de sa personnalité, de son point de vue personnel, de son intimité, en quelque sorte.

  • Certains ateliers cinéma ont eu lieu avant la période de crise du COVID, d’autres non – comment avez-vous gardé le lien avec les élèves ?

Je n’ai pas de classe attitrée, aussi, même si nous partageons des moments forts, le lien est difficile à garder. D’autant plus qu’ils ont déjà beaucoup à faire avec leur chargé de cours. J’ai pu néanmoins intervenir sur des questions techniques pour le projet du Journal de confinement avec la classe de Deuxième année de Damien Chardonnet et j’ai retrouvé quelques élèves du précédent atelier.

  • De quoi avez-vous envie en tant qu’artiste durant cette période de confinement / déconfinement partiel ? Avez-vous des conseils pour les élèves et futurs élèves ?

C’est une question très difficile. Je trouve cette situation extrêmement étrange. C’est arrivé à un moment de pause entre deux ateliers. Je pensais en profiter pour poursuivre mon film. Que Nenni ! pour la simple raison que cet espace de repos et de méditation, qui permet de se nourrir pour mieux s’y remettre, a été pris en otage par ce satané cerveau reptilien, concentré sur sa survie. Je dirais que si certains élèves ont été traversé par cette catalepsie, qu’ils se rassurent, l’espace pour créer revient, doucement mais sûrement.  

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