Portrait de Zoé Lignac, élève de la Classe Libre Théâtre au Cours Florent
Portrait

Zoé
Lignac

Zoé Lignac, élève actuelle de la promo 44 de la Classe Libre Théâtre, aborde son parcours au Cours Florent.

Campus Paris
Année 2024
élève

"Les profs sont bienveillants, ce qui est nécessaire : on fait un métier pour l’humain par l’humain."

  • Quel a été ton parcours avant d’arriver au Cours Florent ? 

J’ai commencé le théâtre vers mes 5-6 ans, dans un club de campagne. C’était du théâtre amateur, mais je suis tombée amoureuse de la scène à ce moment-là. Je n’étais pas très scolaire dans mon enfance, j’avais besoin de bouger, ce qui m’a amené à tester énormément de choses : le cirque, la batterie, … Durant toute mon adolescence, la seule constance restait le théâtre. 

J’ai passé mon stage au Cours Florent quand j’étais au lycée. Il reste valable deux ans pour entrer dans l’école. Alors j’ai fini mon bac et je suis arrivée à Bordeaux. J’ai continué mon cursus au Cours Florent là-bas. Dès ma première année c’était merveilleux. Je n’oublierai jamais ces années.

  • À la fin de ton cursus, comment es-tu arrivée en Classe Libre ? 

J’ai eu l’impression que c’était la suite logique. J’avais envie de continuer d’apprendre parce que j’avais l’impression que ma formation n’était pas terminée. Trois ans ça ne suffit pas à mon âge. C’était par curiosité. J’ai passé plusieurs concours. Je ne sais pas comment, j’ai eu la Classe Libre ! Au début, j’ai eu un peu dur, et puis je me suis dit “tu prends ce que tu as à prendre, tu es légitime”. 

  • Tu ne te sens pas légitime d’avoir été acceptée ? 

Je suis la seule du Cours Florent Bordeaux, alors que mes amis de là-bas sont tout aussi méritants que moi. Ça a été dur de les quitter et de me retrouver dans le flot parisien de bruit, de mouvement. 

  • Qu’est-ce qui t’a rendu ce sentiment de légitimité ? 

Le temps. Et aussi, de me dire, ”Je vais prendre tout ce qu'il y a à prendre durant 2 ans”. Ces années me permettent de rencontrer plein de monde. J’assiste à des masterclass intéressantes, diversifiées. Je me suis retrouvée en contact avec une foule d'informations de rêves, finalement. 

  • Qu’est-ce qui t’as surprise dans la façon dont le cursus a été aménagé ?  

Notre promotion se compose de 19 personnes, c’est très intimiste, je crois qu’on prend plus le temps. Le professeur travaille avec nous comme une unité soudée, nous sommes privilégiés avec cette attention qui nous est portée. Malgré tout, le campus à Paris reste bien plus grand qu’à Bordeaux. À Bordeaux, tout le monde se connaît, l'ambiance qui règne est très familiale et amicale.  A Paris, les points forts résident ailleurs. D’abord, l’accès à la culture - lié surtout à la ville - est énorme. Ensuite, je dirais surtout la qualité des intervenants. On a de la chance d’entrer en contact avec des professionnels actifs. Ils nous éclairent sur les réalités du métier d’aujourd’hui. 

  • Vois-tu ces interventions comme des opportunités de te créer des relations utiles pour ton futur métier ? 

Pas vraiment. Je vois surtout ces masterclass comme un moment d’échange. J’ai la sensation qu'ils s'adressent à nous en tant qu’acteurs et non pas en tant qu’élèves. Une des opportunités les plus probantes qui me vient à l’esprit, c’est le nombre de spectacles que nous sommes amenés à jouer. Avec la Classe Libre, nous en jouons plus que dans un cursus normal. 

Par exemple, en janvier, nous avons eu la chance de jouer 6 représentations. Ainsi que d’éprouver le jeu pendant une semaine, tous les soirs, c'était merveilleux. Cela donne une réalité quasi professionnelle au cursus : tu as l’impression qu’enfin tu fais ton métier. Tous les soirs sont différents, sont nouveaux. C'est vraiment beau de pouvoir expérimenter cela, c'est une chance. 

Dans mes représentations lors du cursus normal, je connaissais pratiquement tout le temps des proches dans le public. Alors que dans ces représentations, j’ai joué devant un public qui m’était parfois complètement inconnu. 

  • Comment et où te vois-tu après le cours Florent ? 

Être en Classe Libre, ça m’a permis d’affiner quel type de théâtre je veux faire et pour qui je veux jouer. Je ne veux pas jouer dans les grands théâtres et les grandes compagnies. Si je suis honnête, le théâtre que je veux faire, c’est un théâtre ouvert à tous, à ceux qui n’ont pas accès à la culture. 

Je peux rester un moment ici mais ensuite je veux bouger. Beaucoup de choses se passent à Paris mais tant que tu fais du théâtre et que tu l'emmènes quelque part, le théâtre sera partout.

  • Comment envisages-tu ton futur ? 

Je m'imagine en troupe. Ce qui me séduit dans ce métier c'est aussi l’aspect famille, d’être ensemble. Je rêverais de parcourir le monde en vivant de ma passion et en jouant avec des gens avec qui j’aime travailler. 

  • Te verrais-tu metteuse en scène ? 

La mise en scène me fait peur ! Mais l’idée m'attire, ça me plairait d’y toucher mais je n’ai pas la rigueur pour l'instant. 

  • Qu’as-tu découvert de toi durant la formation ? 

Ce métier demande beaucoup de rigueur. J’ai toujours su que ce n'était pas mon point fort mais j'apprends à l’être ! J’ai découvert que mon hypersensibilité était la bienvenue dans ce métier. Avant, j’avais des doutes, je ne pensais pas que cela pouvait me servir. Ici, elle m'a ouvert des portes de jeu et de ressenti. Pendant mes cours, je me suis rencontrée et c’est aussi la période qui a fait ça, car à 18 ans on se cherche toujours. Mais je pense sincèrement que cette formation m’a fait grandir plus vite. 

  • Quel conseil un de tes professeurs t’a donné qui te construise encore en tant qu'actrice ?

Il y en a deux et ils vont ensemble. Ma professeure Elsa Galles (professeure au Cours Florent Bordeaux) me disait : "quand tu sors du plateau tu dois laisser une plume de toi. S'il n’y a pas de plume, c'est qu'il y a quelque chose qui ne s'est pas passé.

Elle me disait également : "un sprinter ou un danseur a mal au bras, un acteur aussi doit avoir mal au bras". Elle voulait signifier par là qu'en ressentant les émotions réellement, si tu les traverses, si tu les travailles, à la fin, tu ressens une fatigue tant corporelle qu’émotionnelle. Si tu n'es pas fatigué, cela veut dire que tu as loupé quelque chose. Le métier de comédien demande de la technique : c’est éprouvant de déclencher une émotion sincère. 

  • Comment se passent les cours ? 

Les profs sont bienveillants, ce qui est nécessaire : on fait un métier pour l’humain par l’humain. Chacun va à son rythme. Tout le monde respecte que certains soient lents ou certains rapides. 

  • Un projet durant ton cursus au Cours Florent qui t’a marqué ? Si tu devais retenir qu’un seul, ce serait lequel ? 

Le parcours d’un rôle en deuxième année. L’exercice consiste à traverser un rôle pendant 10 minutes, seul. Ce rôle, on ne le choisit pas toujours. J’avais dû jouer Sonia d’“Oncle Vania”, une pièce écrite par A. Tchekhov.  Au début, je n’ai pas compris pourquoi on m’a distribuée là-dedans. Et à force de travailler ce rôle, j’ai réalisé que ce personnage était bien plus proche de moi que ce que je pensais. Et c'est ainsi que j’ai réussi à la défendre et à me défendre, avec elle. Quand je l’ai joué pour l’échéance, il s'est passé quelque chose. Cet exercice a changé énormément d'élèves. Fragments, pour moi, reste également un passage essentiel dans le parcours au Cours Florent. Plus généralement le programme de la deuxième année est très bien pensé et à son issue, tu sais si tu continues cette formation ou pas. 

Partager cet article