Florence
Viala
Je trouve passionnant de pouvoir être au départ de tout dans une école, d’aider les jeunes comédiens à se connaitre artistiquement !
- Pouvez-vous nous parler de votre parcours d’actrice ?
Le théâtre a toujours fait partie de ma vie, mon père était comédien et je le suivais déjà petite sur ses tournées. J’ai commencé à prendre des cours de théâtre au Centre Dramatique National de Bourgogne à Dijon où j’ai découvert la méthode Lecoq qui m’a beaucoup marqué, puis j’ai intégré le Conservatoire de Paris. J’ai ensuite travaillé en intermittence pendant deux ans sur différents projets de pièces à Paris et en régions avant de rentrer à la Comédie Française où j’ai eu la chance de travailler avec des artistes comme Jean Paul Roussillon, Thierry Hancisse, Robert Wilson, Alain Françon, Lukas Helmeb, Anatoli Vassilliev et Lilo Baur plus récemment. C’est grâce à toutes ses rencontres que j’ai pu me constituer en tant qu’actrice.
- C’est votre première expérience de pédagogie dans une école de théâtre, pourquoi avez-vous souhaité animer un atelier sur Feydeau pour nos élèves de troisième année ?
J’avais déjà travaillé avec des élèves dans le cadre de la préparation au concours du conservatoire mais jamais encore en école. J’avais très envie de transmettre et de pouvoir partager avec de jeunes acteurs tout ce que j’avais eu la chance d’apprendre de mes professeurs et des professionnels avec qui j’avais travaillé au Conservatoire et au « Français ».
En travaillant et en avançant tout le temps, on oublie souvent de réfléchir à ce qui nous constitue, c’est en prenant le temps de regarder les autres qu’on apprend beaucoup sur soi finalement.
J’ai choisi de faire travailler les élèves sur Feydeau car je suis souvent énervée de voir que cet auteur est toujours joué de façon légère et sans profondeur au théâtre. En réalité, quand on étudie les scènes de Feydeau, on se rend compte qu’elles ne sont pas drôles du tout, souvent les couples y vivent des situations horribles, se détestent et parfois sont prêts à tuer de jalousie. Je pense que cet atelier permettra en tout cas aux élèves de ne plus jamais lire et jouer Feydeau de la même façon !
- Comment s’est déroulé cet atelier de théâtre avec les élèves ?
J’ai travaillé durant un mois et demi avec les élèves, à raison de trois heures de cours par jour, et nous avons terminé par un spectacle ouvert au public. Je voulais faire un vrai travail de groupe avec eux et non une succession de scènes individuelles. Nous avons donc travaillé trois scènes uniquement (issues de grandes pièces de Feydeau comme Le Dindon et l’Hôtel du Libre Echange) mais avec une interprétation différente à chaque fois. Les élèves se sont beaucoup impliqués et ont proposé beaucoup de choses pour créer de vraies situations.
J’ai d’abord appris aux élèves à lire sans interpréter le texte ni casser la ritournelle, puis nous avons travaillé sur les situations, sur la tension entre les personnages et l’importance du corps dans le jeu sur scène. Nous avons fait des échauffements au début de chaque séance pour que les élèves prennent conscience de leur corps et trouvent une présence physique qui leur corresponde. Le corps est primordial chez un acteur, c’est la première chose que l’on voit quand un artiste rentre sur scène avant même de prendre la parole.
Je trouve passionnant de pouvoir être au départ de tout dans une école, d’aider les jeunes comédiens à se connaitre artistiquement, à accepter leurs imperfections, celles qui rendent touchants et humains les personnages qu'ils interpretent, et surtout essayer de trouver avec eux ce qui peut les aider à recommencer tous les soirs toute une vie d'acteur.