Damien Chardonnet, professeur au Cours Florent Bruxelles
Portrait

Chardonnet
Damien

"Aider à faire grandir, transmettre, dénicher les possibles chez l'autre m'a toujours passionné."

Campus Bruxelles
Année 2020
professeur
  • En quelques lignes, comment vous êtes-vous formés en tant qu’artiste ?

Je me suis formé sur deux pieds, l'un pratique, l'autre théorique. Côté pratique, j'ai commencé par une formation professionnelle de l'acteur au Cours Florent il y a presque 20 ans maintenant ! J'y ai compris que la place que je désirai occuper au théâtre était celle du metteur en scène et directeur d'acteur, plus que celle de l'acteur lui-même. J'ai passé plusieurs années après cela à collaborer avec de grands metteurs en scène en tant qu'assistant ou dramaturge pour me former à leur contact. Théâtre, Opéra, Danse, j'ai multiplié les approches pour tenter de comprendre le plus d'aspects possibles de "la vie sur scène". 

Côté théorique, j'ai passé une thèse de doctorat en Histoire et Esthétique du théâtre en 2012. J'ai enseigné 6 ans en art du spectacle à l'université avant d'arriver au Cours Florent. 

  • Comment l’enseignement s’est inscrit et s’inscrit dans votre parcours professionnel ?

L'enseignement s'est tout de suite imposé comme une vocation. Lors de mes études au Cours Florent je découvrais déjà le plaisir de diriger mes camarades de promo. Aider à faire grandir, transmettre, dénicher les possibles chez l'autre m'a toujours passionné. Quand je suis entré en doctorat, j'ai posé comme condition que l'on me donne un poste d'enseignant à l'université. Sans ce poste d'enseignant je n'aurais probablement pas fait de doctorat. Penser-Pratiquer-Enseigner le théâtre. Mon triptyque indissociable.

La deuxième année est pour moi l'année décisive. C'est là où tout se joue, là où l'on détecte si l'on a en face de nous des interprètes en devenir... ou pas ! C'est l'année de la confrontation avec l'échéance "Contraste" où l'on demande aux élèves d'enchainer un passage de deux scènes radicalement opposées dans leur style, leur genre, leur langue. On met l'élève en difficulté en le confrontant à des rôles parfois "contrariants", c'est-à-dire qui vont contre ses facilités naturelles. La deuxième année c'est aussi l'année de "Parcours d'un rôle", mon échéance préférée de tout le cursus de formation. Alors que jusque-là dans la formation les élèves n'ont joué que des scènes autonomes tirées du répertoire, on leur demande pour la première fois de choisir un grand rôle dans une œuvre et d'en jouer 3, 4 ou 5 scènes. L’objectif est pour l'élève de nous montrer sa capacité à construire la cohérence d'un personnage dans son évolution, son parcours, avec ses joies, ses peines, ses accidents. Une grande échéance. L'année se conclut par la première présentation publique autour d'un spectacle construit avec l'ensemble du groupe. Nous considérons qu'il faut bien attendre deux ans avant de confronter nos élèves à un premier public. Avant, ils ne sont pas prêts.

  • Des cours à distance ont lieu pendant les mois de mai et juin, la pédagogie et les outils ont dû évoluer pour répondre à ce contexte. Comment se déroulent les séances de travail ? De quoi avez-vous envie durant cette période de confinement / déconfinement partiel ?

Étonnamment, tout cela se déroule très bien. Beaucoup mieux qu'anticipé à vrai dire. « Du théâtre à distance !? Impossible ! » Évidemment nos pratiques évoluent et le plateau nous manque (on ne va pas se mentir). Mais on a tous changé notre approche, changé de répertoire. Je fais par exemple travailler mes élèves de première année en ce moment sur Les Liaisons dangereuses, le roman épistolaire de Laclos. Nous reconstituons tout le récit, via un enchaînement de lettres jouées par tous les élèves derrière leur caméra. C'est un très bon exercice pour se former au jeu cinéma d'ailleurs, aux questions d'adresse caméra, d'angle, de prise de vue, de jeu avec l'objectif. C'est un autre rapport qu'au théâtre, mais cela marche très bien. Contrairement à ce que nous craignons au départ, nous ne perdons pas du tout notre temps. Au contraire !

  • À la fin du mois de juin, une évaluation aura lieu pour clôturer ce travail en distanciel. Quelle en sera la forme ?

Là encore nous nous adapterons aux circonstances. Le Cours Florent a mis en place une plateforme dédiée en ligne, entièrement gratuite et sécurisée pour les étudiants. Nous nous connecterons tous ensemble, pour retrouver cette notion "d'instant présent du théâtre", et chacun aura sa partition à déployer devant un jury lui aussi connecté. 

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