Rencontre avec Caroline Vignal et David Bertrand

Dans le public, se sont rassemblés anciens élèves et élèves actuels des cursus Théâtre ou Théâtre et cinéma. Après une courte introduction, les deux intervenants ont proposé un échange sous forme de questions/réponses. 

• Comment travaille-t-on en tant que directeur de casting ? 

D. Bertrand : Le mode opératoire du travail change et dépend de la personnalité du réalisateur/de la réalisatrice. Ils ont souvent un texte en tête pendant de nombreuses années et s'imaginent un personnage d’une manière précise. Le plus dur, c’est donc de les aider à choisir le visage qui va incarner le fantasme qu'ils ont en tête.

• Comment avez-vous choisi les acteurs pour le film Iris et les Hommes ? 

C. Vignal :  Le rôle principal (Laure Calamy) a été distribué très vite. Pour Vincent Elbaz, cela a été plus difficile car son personnage incarne en quelque sorte mon ex-compagnon ! Pour le reste des rôles masculins, nous avons pris énormément de temps à faire passer des essais à différents acteurs, afin de trouver de nouveaux talents. Parfois, lors des séances de casting, je jouais et les comédiens en étaient surpris. Jouer avec eux me permettait notamment de me faire une meilleure idée de de façon dont ils se comportaient au sein de la scène.

D. Bertrand : Dans un casting, mon choix ne se porte pas toujours sur les acteurs que j’aime bien. Je choisis celui qui qui va réussir à me proposer une solution vis-à-vis d’un rôle précis. 

• Comment réussir un casting ? 

C. Vignal : Se préparer, bien sûr, pour pouvoir bien travailler durant le casting.  Il est nécessaire aussi de garder une certaine souplesse pour s’adapter aux remarques. Enfin, il faut garder en tête que de nombreux facteurs qui déterminent le choix final ne dépendent pas à 100% du comédien. 

D. Bertrand : Un casting est une occasion d’apprendre, il faut donc surtout voir ces moments-là comme une séance de travail. 

• Comment réussir une selftape* ?

D. Bertrand : Je n’aime pas du tout le concept de selftape, mais je dirais qu'il faut se mettre un minimum en scène et ne pas faire des plans n’importe comment. 

C. Vignal : il faut être le plus simple possible et ne pas surjouer. De cette manière, l’acteur ne risque pas d’être à côté de la plaque. Vous pouvez demander à quelqu’un de filmer la selftape. Un regard externe est conseillé pour vous apporter des modifications si nécessaire. 

* SELFTAPE Technique d’audition qui implique, pour les acteurs, de filmer leurs propres auditions et de les envoyer aux recruteurs.

• Comment faire une bonne bande démo ? 

D. Bertrand : Au début, vous n’allez pas toujours être appelés pour des premiers rôles. Il faut jouer la simplicité. Le principal pour moi, ce serait surtout de pouvoir vous entendre parler, ce qui implique de ne pas mettre de forte musique en bande son. Il est également tout à fait acceptable de proposer une seule scène.

C. Vignal : Il faut aussi avoir confiance en notre capacité de projection. Il n'est pas nécessaire de montrer toute votre palette de jeu dans une bande démo.

• Qu’est-ce qui est le plus dur dans la réalisation d’un film ?

C. Vignal : Le processus d’écriture est très solitaire, mais j’ai besoin d’écrire seule. En ce qui concerne la préparation de tournage, j’adore. Quand j’y réfléchis, j’adore tout dans la création d’un film. Après, disons que la promotion d’un film n’est pas forcément un plaisir immense…

• Quand sait-on si une idée vaut la peine d’être racontée ? 

C. Vignal : Pour mon film Antoinette dans les Cévennes, l’idée venait d’un désir profond. Malgré cela, quand on écrit, on a tout le temps des doutes. On se demande souvent “Est-ce que cela va intéresser quelqu’un” ? Et si, malgré ces doutes, on va jusqu'au bout, c’est que l’idée vaut vraiment le coup !

• Y’a-t-il des causes qui vous tiennent à cœur dans votre travail ? 

C. Vignal : Je ne conçois pas mon film comme un film militant. En revanche, j'ai conscience que je développe des représentations différentes des femmes. Des représentations qui sont notamment moins courantes au cinéma.

D. Bertrand : Personnellement, les enjeux de représentations me tiennent énormément à cœur.  Ainsi que ce que j'appelle l'“enjeu des corps", c'est-à-dire de faire en sorte que le casting final soit représentatif de la diversité du corps humain. Pour moi, le monde du cinéma commence doucement à intégrer les enjeux de la représentation en général. J'ai le sentiment, qu’aujourd’hui plus qu'hier, il est établi que les films avec des femmes en rôle principal sont autant à même de générer du box-office que les autres. Ce qui n’était pas le cas avant. Ça me donne beaucoup d’espoir pour la suite.

Des applaudissements et des remerciements ont clôturé cette rencontre riche en apprentissages. Un grand merci à Caroline Vignal et David Bertrand. Les élèves sont repartis forts de tous ces précieux conseils qui les accompagneront lors de leurs futurs castings !