Portrait de Simone Strickner | Cours Florent
Portrait

Simone
Strickner

Janvier 2014

Dans les pays germanophones, il y a actuellement une grande richesse dans les « formes » artistiques, une vraie envie de chercher des nouvelles manières d’expression théâtrales pour s’interroger sur l’époque dans laquelle nous vivons.

Campus Paris
Année
professeur
  • Pouvez-vous nous parler du cours de théâtre en allemand que vous dirigez au Cours Florent  « Schauspiel auf Deutsch »? Comment le projet a-t-il commencé ?

L’option Formation de l’acteur en langue allemande « Schauspiel auf Deutsch » a démarré par un atelier de trois mois en 2011, qui a abouti à la création d’un spectacle intitulé Burnout. Le challenge était de regrouper des élèves germanophones et des élèves dont l’allemand n’était pas nécessairement la langue maternelle. En effet, l’idée était de créer un vrai brassage de cultures, de nationalités, de langues et d’expériences d’acteurs à travers ces cours.

Depuis son commencement, l’option «Schauspiel auf Deutsch» réunit les élèves autour d’un travail sur des textes allemands contemporains. Grâce au sur-titrage, les représentations ont également permis à un public non germanophone de découvrir le travail du groupe sans se heurter à la barrière de la langue.

D’ailleurs, suite à quatre premières représentations, nous avons eu le plaisir de reprendre le spectacle Burnout à l’occasion de cinq représentations supplémentaires. Et le public était au rendez-vous : la salle était complète chaque soir.

  • En quoi consiste l’option « Schauspiel auf Deutsch» cette année ?

L’option comprend neuf heures par semaine et nous avons sélectionné sur audition 28 étudiants. Nous travaillons en deux sous-groupes (afin d’avoir plus de temps) sur deux axes en particulier : dans un premier temps, nous abordons des scènes issues du répertoire classique germanophone, avec un premier rendez-vous artistique (échéance) organisé avant Noël. La deuxième partie du cours sera dédiée à la création d’un nouveau spectacle avec des textes contemporains d’auteurs allemands encore peu connus en France.

  • Sur quels critères se fait la sélection pour intégrer cette option ?

Nous avons de plus en plus de demandes pour intégrer l’option « Schauspiel auf Deutsch » : une soixantaine de personnes se sont inscrites aux auditions de cette année. Ce phénomène est tout à fait révélateur d’une tendance générale : la communauté internationale au Cours Florent ne cesse d’augmenter (avec la possibilité de suivre un cursus en anglais également grâce à Acting in English), nous recevons des étrangers de tous les pays du monde.

Lors de la sélection des candidats, nous sommes attentifs à l’engagement du comédien sur le plateau, à l’énergie qu’il dégage, à sa créativité et à son univers. Comme les élèves seront amenés à assumer des représentations en public, ils doivent avoir un bagage artistique suffisant pour se confronter à cet événement. En ce qui concerne la maitrise de la langue allemande, l’excellence n’est pas un prérequis absolu, il faut surtout que les élèves aient envie de se lancer dans cette aventure, qu’ils soient capables de « mettre leur perfectionnisme de côté » afin d’utiliser l’allemand sans inhibition sur le plateau. Plusieurs des participants ne sont pas bilingues, mais ont une forte envie de progresser et d’apprendre des textes en allemand, le théâtre est un des meilleurs moyens de s’améliorer très rapidement dans une autre langue.

  • Quelle est pour vous la spécificité du théâtre allemand aujourd’hui ?

Dans les pays germanophones, il y a actuellement une grande richesse dans les « formes » artistiques, une vraie envie de chercher des nouvelles manières d’expression théâtrales pour s’interroger sur l’époque dans laquelle nous vivons. Les auteurs et metteurs en scènes repoussent continuellement les limites du théâtre, de la musique et de la danse. Beaucoup d’auteurs contemporains allemands, autrichiens et suisses sont très intéressants ; ils sont d’ailleurs de plus en plus « importés » en France. Avec « Schauspiel auf Deutsch », nous essayons d’y contribuer…

  • Pouvez-vous nous parler de votre parcours artistique, puis de professeur au Cours Florent ?

J’ai commencé ma formation de comédienne en Autriche, en étudiant au Conservatoire National autrichien. Après l’obtention de mon diplôme d’Etat à l’âge de 18 ans (Paritätische Bühnenprüfung - en Autriche on a besoin de ce diplôme pour travailler sur les scènes nationales), j’ai joué sur les scènes germanophones tout en intégrant une troupe professionnelle française à Vienne. Comme j’étais la seule non francophone de la troupe, ils m’ont envoyé faire un stage au Cours Florent, ce qui fût une vraie découverte pour  moi. C’est comme cela que j’ai commencé un double parcours franco-germanique en tant que comédienne et depuis quelques années dans le domaine de la mise en scène. J’ai toujours eu cette passion pour d’autres langues et cultures et je suis ravie de pouvoir exercer mon métier dans différents pays. En tant que collaboratrice artistique je travaille également souvent avec des metteurs en scène espagnols et italiens. L’enseignement au Cours Florent à la fois en français (classe de deuxième année) et en allemand (Schauspiel auf Deutsch) reflète mon parcours personnel et j’espère transmettre aux élèves l’envie de s’ouvrir à d’autres traditions théâtrales afin de s’inspirer et de s’enrichir au maximum. Je souhaite les encourager à découvrir les nombreuses passerelles entre les pays et de se rendre compte que le fait de travailler dans plusieurs langues ouvre de formidables opportunités. 

Simone Strickner est depuis 2022 directrice du Cours Florent.

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