Portrait

Gilles
Vandeweerd

C’est ce qu’on fait de ce cursus qui en définit sa force !

Campus
Année 2013
élève
  • Gilles, en 2013, tu as pu assister à la création de notre Campus de Bruxelles. Quels souvenirs as-tu de ces premiers mois, de tes premières échéances avec tes chargés de cours Sarah Siré et Damien Chardonnet ?

Je me souviens de ma première journée au Cours Florent Bruxelles : j’étais un des seuls à avoir fait un stage d'accès à Paris. J’arrivais donc dans un groupe dans lequel la plupart des étudiants se connaissaient. Cependant, il y avait chez tout le monde la même excitation, la même envie de se connaître les uns les autres et aussi la même peur de commencer le travail. Nous étions une vingtaine dans ma classe. Les premiers jours, on découvre le lieu, les chargés de cours, le directeur…

Pour ma part, c’était aussi ma première rencontre avec autant des comédiens dans la même situation que moi. Il y avait, dans ces premiers jours, ces réflexes humains que nous avons tous : je vais attendre de voir les autres puis j’irai sur le plateau !, Waow, il est trop fort celui-là, Du coup je vais attendre avant d’y aller, etc… Mais on nous installe dans un confort, dans une confiance ! Personne n’est là pour nous juger, mais les profs, l’administration, le groupe sont là pour qu’on se découvre en tant que comédien. Ce sont mes premiers souvenirs avec Sarah Siré, l’échéance Moteur ! Oser monter sur le plateau ! Le but n’était pas de travailler le jeu, mais l’appréhension du plateau. C’est un peu ce que j’ai ressenti dans cette première année au Cours Florent jusqu’à l’échéance finale Scène à deux, qui pour la première fois nous met véritablement face à nos points forts et nos faiblesses de comédien. Le bon moment pour faire un topo sur ce qu’il faudra travailler en deuxième année.

Je retiendrai tout d’abord les rencontres avec les étudiants que j’ai côtoyés mais aussi avec les personnes qui travaillent dans cette école. Vu le petit nombre que nous étions et le cadre dans lequel nous avons travaillé, on pourrait dire qu’une petite famille s’est créée. Et ca je ne l’oublierai pas. La dynamique créée s’est axée autour du travail et de l’apprentissage. Quand on se promène dans l’espace Demeer, certains lisent, certains répètent, d’autres jouent au ping-pong mais l’air respire le théâtre ! C’est dans cette ambiance que j’ai découvert Shakespeare, Molière, Tchekhov pour les classiques et Howard Barker, Martin Crimp, Sarah Kane, Koltes pour les plus récents.

Je noterai parmi les expériences qui m’ont marquées mon parcours de rôle sur Platonov ainsi que ma traversée de pièce « Le dernier jour du jeune ». A chaque fois j’ai senti que je brisais quelque chose dans mon avancée en tant que comédien, que je débloquais quelque chose, que j’osais. Après cela, on continue à avancer mais plus confiants !

  • Comment se passait le travail en dehors des heures de cours ? Il y avait beaucoup de répétitions durant le cursus ?

C’est ce qu’on fait de ce cursus qui en définit sa force. Le cursus peut paraître léger mais si l’on décide de voir plus loin, de lire tout ce que l’on découvre, de répéter avant et après les cours, alors on découvre une formation dense et complète. C’est comme ça que j’ai attaqué mon cursus. Pendant trois ans, j’ai suivi deux classes. Mais aussi, j’étais affamé en classe et prenais tout ce qu’il y avait à prendre. Me retrouvant par moment avec 15 scènes à travailler. Il m’arrivait d’arriver à 9h et de repartir à 22h. Et je n’étais pas le seul. Tout le monde répétait partout, c’était parfois même la course à qui aura réserver une salle ! Ce sont ces longues heures de répétitions qui créent aussi le groupe et l’ambiance au sein du Cours Florent à Bruxelles à l’espace Demeer.

  • Tu as passé le concours de la classe libre ? Quels souvenirs as-tu de ce concours ? Comment cette expérience a pu influencer le reste de ton cursus ?

Oui, je l’ai passée, mais j’ai été recalé au troisième tour. J’y ai appris l’importance d’être présent au bon moment : un gros travail pour un comédien.

  • En deuxième Année, il y a la carte blanche… une échéance qui se situe à la moitié du cursus… En quoi cela consiste ?

Faire un topo sur nos envies, sur la place qu’on veut avoir sur scène, sur nos peurs et nos fantasmes !

  • L’an passé, en troisième année, ta classe a pu accueillir des metteurs en scène belges ? Quelles furent leurs spécificités ?

Le deuxième et troisième modules de troisième année étaient pour nous l’opportunité de travailler avec des artistes actifs dans le monde du travail. Ce fut une approche professionnelle. Tout d’abord Stéphane Arcas qui nous a emmené dans son monde. Il a travaillé avec nous comme il travaillait avec ses comédiens. Il avait une approche du jeu, du corps et de la parole tout à fait nouvelle et surprenante pour nous. Il a fallu s’y adapter et de très belles choses en sont sorties. C’est assez incroyable de découvrir où on peut aller sans s’en rendre compte.

De même avec Guillemette Laurent, qui travaillait dans un tout autre style que Stéphane. Un style auquel il a fallu aussi s’adapter, faisant ressortir d’autres aspects chez les comédiens. A la fin de ses deux modules, nous avions une bonne idée de ce que pourrait représenter le travail une fois sorti. On se rend compte qu’à chaque nouveau projet nous apprenons un nouveau métier.

Toujours en troisième année, tu as pu travailler sur différents Travaux de Fin d’Etudes (les TFE).

J’ai eu la chance de travailler sur trois  projets de TFE : Tuer des chats pour sauver des perruches ! qui est une création avec 6 autres comédiens, La tour de la défense qui est projet lancé par Karin Melchior dans lequel je joue et j’ai aidé à la mise en scène, et Amphitryon qui est un projet de Charlotte Evrard dans lequel je joue.

La première étape était de rendre un dossier de présentation. Une étape très compliquée car nous n’avions aucune notion sur ce qu’était un dossier de présentation. Il a fallu se renseigner, faire des recherches, demander des avis…

La deuxième étape est une présentation de 15 minutes du spectacle. Cette étape est très effrayante car c’est la première fois que le projet prend forme sur scène. Mais ce ne sont que 15 minutes, il est donc difficile de voir la globalité, de faire comprendre notre message. Par contre c’est un endroit où l’on peut se tromper et apprendre !

La dernière étape est, à nouveau, la présentation de 15 minutes (différente) du projet. Souvent à cette étape-là, le projet global est plus avancé. Il est donc plus facile de montrer l’essence du travail. Mais c’est une étape glissante, car rien n’est fait et le choix des 15 minutes que l’on montre est primordial.

  • Concernant les TFE, quels conseils pourrais-tu donner à un futur élève de troisième année ?

Mon premier conseil serait de se mettre au travail le plus vite possible ! De trouver un groupe uni et motivé autour du projet. Ensuite, je conseillerai de prendre les deux dernières étapes comme des étapes de travail qui doivent servir au projet et pas uniquement comme étape d’un concours. Aussi, il faut être objectif face à son travail : entendre les critiques. Etre critique soi même face à son travail. C’est un premier projet : il est évident que tout ne sera pas parfait ! Et c’est ce qui rend ces projets intéressants.

De plus, il faut aborder le travail de manière professionnelle et non scolaire. Cette approche permettra par la suite à être prêt à sortir le projet en dehors de l’école. Et enfin, ne pas compter ses heures !!!!

  • Tu as pu participer au Prix Olga Horstig aux Bouffes du Nord à Paris dans une mise en scène de Thierry Harcourt. Peux-tu nous parler de cette expérience ?

Le prix Olga Horstig a été pour moi une des plus belles expériences artistique et humaine que j’ai vécue. C’est unique : travailler avec 21 comédiens de mon âge dans un des théâtres les plus mythiques de Paris ! Ce n’est pas une occasion qui se présente régulièrement. Il y avait cet aspect incroyable pour moi qui était que j’allais rencontrer 21 comédiens, un metteur en scène, un assistant et des intervenants que je ne connaissais pas ! C’est un grand bol d’air frais.

J’étais le seul venant de Bruxelles. J’appréhendais donc mon arrivée à Paris dans un groupe dont la plupart se connaissait. J’ai reçu un accueil incroyable. Dès le premier jour tout le monde était d’accord pour m’héberger !

Au delà du fait qu’il s’agissait de 21 super comédiens, j’ai d’abord rencontré 21 personnes très humaines qui sont devenus 21 amis…Ca sonne un peu cliché mais c’est vrai.

Pour ce qui est du travail, il y a quelque chose de magique qui se produit. Nous n’étions absolument pas les 22 meilleurs comédiens issus de Florent mais nous étions 22 comédiens qui se livraient, se donnaient entièrement à l’art du comédien. Nous avions envie, nous avions faim ! L’alliance entre 22 affamés et un metteur en scène dont la seule envie était de nous nourrir est absolument magique.

Thierry Harcourt nous a fait découvrir des auteurs anglais contemporains, ainsi que son style très British. Il n’avait qu’une envie : nous mettre en avant. Pas de mise en scène extravagante, juste nous ! Il y avait quelque chose de très effrayant là-dedans, mais Thierry voyait très clairement où il voulait nous emmener et on s’est laissé guider. J’ai adoré travailler avec lui : son approche particulière, son humour, son côté rassurant mais aussi l’espace qu’il nous laisse pour s’exprimer.

Et puis est venu le jour J de la première aux Bouffes Du Nord. Nous nous rendions tous compte de la chance que nous avions ! Les quelques secondes avant de monter sur scène paraissent interminables…Une fois sur scène, le temps passe beaucoup trop vite. Nous nous retrouvions à la dernière, le samedi soir. Une fois définitivement sorti de scène, on se demande si on en a assez profité, on sent l’émotion qui monte, on se repasse les deux mois et demi de travail intense…

Mais aussi, il y a l’émotion de la fin d’une partie d’histoire d’un groupe.

  • Toujours à Paris, deux travaux de fin d’Etudes crées à Bruxelles se sont joués lors du festival des Automnales. Vous étiez donc plusieurs à partir là bas ? Comment cela s’est il passé ?

La tour de la défense et Tuer des chats pour sauver des perruches ! étaient sélectionné aux Automnales. C’était très excitant pour nous tous de se retrouver à Paris pour jouer nos projets. Ce fut trois jours de fêtes…aussi bien sur scène qu’en dehors.

Cette expérience nous a permis de nous confronter à un public différent, non-acquis ! Elle nous a aussi permis de retrouver nos marques, à tenter de nouvelles choses. C’est un endroit qui nous permet de rechercher, d’explorer à nouveau le projet.

  • Comment a démarré cette nouvelle année pour toi ? 

Coté cinéma, je viens tout juste de terminer le tournage de la série La forêt réalisée par Julius Berg pour France 3. Tournage passionnant puisqu'il s'agissait pour mon premier rôle important dans le monde cinématographique. Cela m'a permis de travailler aux coté de comédiens avec beaucoup d’expérience tels que Samuel Labarthe et Suzanne Clément. C'était très excitant car je suis un grand fan de Suzanne. J'ai donc beaucoup observé sa manière de travailler, et je dois avouer que j'ai été bluffé !

En ce moment, je tourne dans une série qui s'appelle L'origine du mal réalisé par Pierre Aknine dans laquelle je campe un des personnages principaux. L'approche du travail est différente mais très intéressante. Je travaille aux coté de Sami Bouajila et Marie Gillain. Toutes ces rencontres sont des expériences et un apprentissage phénoménal.

Coté théâtre, le TFE La tour de la défense est déjà programmé dans deux festivals : un à Bruxelles le 11 novembre et un autre à Paris mi-mars. L'idée est de montrer notre travail à un maximum de gens en espérant être programmé et pouvoir faire tourner la pièce.

De plus, pour Tuer des chats pour sauver des perruches ! ,qui est un projet que j'ai écrit, mis en scène et joué avec 6 autres comédiens issus de ma promo, nous tirons les enseignements des automnales à Paris pour retravailler et faire encore évoluer ce beau projet qui se rejouera en Avril à Bruxelles. Un théâtre à Avignon est également partant pour nous accueillir, donc il se pourrait que toute notre bande soit là-bas en Juillet. C'est passionnant de mener un projet de long en large...

  • Merci Gilles Vandeweerd !

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