Portrait

Armand
Lameloise

Un comédien ne doit jamais oublier la générosité, la sincérité et l'humilité.

Campus Paris
Année 2016
professeur

Je suis ce qu'on peut appeler un autodidacte. J'ai grandi à une époque où le service militaire était encore obligatoire et après une fac d'Histoire de l'art, je me suis retrouvé objecteur de conscience à l'Agence du court métrage, une association financée par le CNC pour la diffusion des courts métrages en France. Assez vite, le travail de bureau m'a ennuyé, je rêvais de cinéma ! 

Je suis alors entré chez Téléma, une grosse société de production, en tant que directeur artistique au département Publicités ; titre pompeux qui ne correspondait pas vraiment à ma fonction : j'accompagnais les réalisateurs dans leurs recherches iconographiques afin de constituer des dossiers d’appel d'offre. C'est à cette période que j'ai sûrement le plus appris. J'ai découvert ce qu'était la réalité d'un tournage. 

Ma passion pour le cinéma remonte à mon plus jeune âge. J'ai toujours écrit des scénarios. En parallèle de mon travail chez Téléma, je continuais encore d’en écrire. Quand je me suis senti prêt, ou plus exactement quand un scénario m'a donné la force de me confronter à la réalité professionnelle de ce métier, j'ai gentiment mis ce scénario sous pli, que j'ai envoyé à une dizaine de producteurs. Et l'aventure commençait...

  • Qu’est-ce qui t’a donné envie d’enseigner au Cours Florent ?

Deux choses m'ont donné envie d'enseigner au Cours Florent. La première c'est évidemment ma passion pour les comédiens, je fais du cinéma pour eux, pour travailler avec eux, pour vivre ensemble cette aventure incroyable. Réaliser un film est une aventure incroyable, c'est rempli de rencontres fortes. Tous les scénarios que j'ai écrit (et ils sont nombreux, si je compte tous ceux qui ne sont pas devenus des films) sont nés de ce désir de voir un jour mes personnages incarnés par des comédiens. Je travaille toujours beaucoup en amont de mes films pour, qu'une fois sur le plateau, je me consacre (presque) uniquement à eux ! Ce qui n'est pas le cas de tous les réalisateurs.

La deuxième chose qui m'a donné envie de travailler au Cours Florent est ma rencontre avec Frédéric Montfort. C'est lui qui m'a appelé après avoir vu mon premier film, c'était en 2004. Je n'avais auparavant jamais imaginé travaillé au Cours Florent, ni même dans n'importe quel autre cours d'actorat. Ma priorité alors était la concrétisation de mes projets. Mais cette rencontre a été décisive. Je me suis lancé, j'ai aimé ça. D'année en année, j'essaie de garder cette même énergie, cette même passion, pour animer mes classes.

  • Sur quoi travailles-tu en particulier avec tes élèves de deuxième année de la classe Cinéma ?

En deuxième année Cinéma, la classe est divisée en deux temps. Une première partie, de septembre à janvier, est consacrée uniquement au jeu et se déroule en classe. La deuxième partie est consacrée à la réalisation de court-métrages de fiction où tous les élèves interprètent un rôle important.

Je travaille actuellement sur la première partie d'année. Une première partie consacrée avant tout à révéler des personnalités, à mettre en confiance des élèves, à essayer de les ouvrir au plaisir de jouer. Je les accompagne dans cette recherche où ils doivent se connecter à leur réalité, arrêter de se cacher derrière des personnages qu'ils ne ressentent pas. Le jeu en Cinéma, même s'il repose évidemment sur les mêmes bases que le jeu sur scène, comporte aussi ses particularités et ses techniques. J'insiste beaucoup sur l'imagination, la concentration, le ressenti... et évidemment la sincérité et la générosité.

Ce premier temps comporte deux échéances, la première est un monologue où nous allons travailler, cette année, sur l'Engagement. La deuxième échéance est consacrée aux scènes à deux. Je la consacrerai cette année au couple, de la déclaration d'amour à la rupture. Je ne travaille qu'à partir de séquences extraites d'un cinéma contemporain et de préférence français. Le cinéma de Maurice Pialat est, à mon avis, exemplaire dans ce rapport si particulier qu'entretient le cinéma avec la fiction et la réalité. Il se révèle être une mine d'or pour alimenter mes cours. L'image est essentielle au cinéma, il faut qu'on propose toujours à nos élèves des personnages qui leur correspondent en termes d'image et d'énergie.

  • Quel serait ton conseil à un futur élève du Cours Florent ?

Du travail, encore du travail, toujours du travail ! Un comédien ne doit jamais oublier non plus la générosité, la sincérité et l'humilité ; des qualités humaines que nous possédons tous mais qu'il faut savoir entretenir et développer toujours plus. 

Etre comédien c'est l'aventure d'une vie, où les frontières entre le travail et la sphère privée se confondent souvent. C'est aussi une question de choix : la passion, c’est le véritable moteur qui nous permet de continuer !

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